Mon père, un otage au regard si doux…

Un jour de nuit sans fin, Marie-Simone chuta lourdement sur la terre de ses ancêtres. Juste avant les bombes, les bougies en paraffine des allemands, le corned-beef des américains, juste avant les bagues en mica, les pots de fleurs en casques à treillis vert pas net. Avant la peur, les routes cratérisées, l’odeur des caves, des matelas « pommes de terre ». Avant l’apprentissage du silence. Juste avant le pire et, ce pire là avait du temps a vivre !
Juste avant quoi !
Juste après, Marie Simone croisa dans la cuisine désinistrée, un drôle de gars. Il revenait de vacances, cinq ans de congés sans solde. II avait bronzé pâle et grossi maigrement ! Au lieu de l’appeler Roger, Albert, Georges ou Marcel comme tout le monde, il fallait dire « papa » ! Ah bon ! Cet homme, cet inconnu, d’un coup seul flanqua du « bleu-regard-de-père » dans le coeur de la petite fille, et, à toujours !
Bonjour papa.